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20 septembre 2022
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Huit événements marquants de MUTEK Montréal 2022

MUTEK23 23 08 Nicola Cruz credit Myriam Ménard 9

© Myriam Ménard

Des performances audiovisuelles impressionnantes, des soirées riches en émotions et des festivalier·ère·s heureux·euses de retrouver la piste de danse : cette 23e édition a marqué un retour sublimé du festival. Après deux éditions hybrides, MUTEK Montréal a repris pleinement possession du Quartier des spectacles et a de nouveau accueilli un public venu des quatre coins du monde pour assister à une programmation novatrice et inclusive.

Pendant six jours et nuits, ce ne sont pas moins de 50 000 entrées enregistrées qui ont assisté à 77 performances réalisées par 138 artistes de 22 nationalités différentes dans quatre lieux du Quartier des spectacles.

Si l’ensemble du festival est inoubliable, certains moments ont une histoire un peu particulière et resteront dans nos mémoires encore longtemps.

Voici donc nos huit événements marquants de MUTEK Montréal 2022.

​​Max Cooper & Architecture Social Club — Aether

© Myriam Ménard

Événement spécial de cette 23e Édition, cette première soirée a tenu sa promesse en nous offrant une soirée mémorable. L’engouement était tel qu’il fallut faire la file pour accéder au MTELUS et choisir entre le parterre et être en dessous de la structure, ou le balcon, d’où la vue était imprenable. Une fois installé·e, les premières notes jouées par Max Cooper se firent entendre et Aether commença à s’éveiller, provoquant l'effervescence des spectateur·trice·s. Pourtant, quelques instants plus tard, le champ lumineux s’éteint, laissant la salle dans la pénombre. Une défaillance au niveau d’un câble allait mettre en péril cette première nuit. C’était sans compter sur la réaction incroyable de toutes les personnes présentes: un premier flash venu d’un cellulaire se fit voir, puis un second, et ce fut bientôt tout le MTELUS qui était éclairé de ces lumières impromptues, tandis que Max, conscient de ce qui était en train de se passer nous emmena progressivement dans un set dansant complètement improvisé. En coulisses, tout le monde se démenait pour trouver la cause de cette panne et quand elle fut trouvée quelques minutes après, Aether put véritablement reprendre vie ! La suite est irréelle, à l’image de la nuit que nous avons passée car pendant ce temps, nombreux·euses dansaient sous la pluie de la scène Expérience devant Nicola Cruz.

Bendik Giske — Cracks

Déjà parmi nos prestations favorites de la 20e édition en 2019, Bendik Giske a encore su nous surprendre. La vision de son arrivée sur scène dans un jeu de lumière et de fumée finement orchestré est chimérique. Dans la pénombre, la silhouette du norvégien se dessinait à peine, laissant penser à un être venu d’un autre univers.

© Bruno Destombes

Quand il avança finalement dans la lumière, nous découvrirent sa tenue de scène: un baggy en jean, un maillot de corps noir maillé surmonté d’une veste de costume blanche nacrée surdimensionnée, le tout surélevé par les bottes Kiss à talon transparent de Rick Owens. Et lorsque les premiers accords, qui s’allongèrent grâce à sa technique respiratoire à l’effet hypnotisant, devinrent un morceau puis un album aux notes futuristes, le temps s’arrêta subitement et ne repris sa course que le lendemain matin, car la nuit était loin d’être terminée.

Présenté avec le soutien de Smalltown Supersound

Marina Herlop — Pripyat

S’il y a une artiste qui aurait voulu stopper la grande horloge ce soir-là, c’est bien Marina Herlop. Son visa fraîchement délivré la veille de son départ depuis l’Europe, la catalane parvient à embarquer pour le Canada le matin même de sa performance. Alors que nous pensions l’orage derrière nous, une tempête bloqua l’avion au sol et menaça alors la venue de la vocaliste à quelques heures de son passage. Commença alors une course contre la montre pour monter sur scène avant la fin de la soirée. Changement des horaires par deux fois avec le soutien des autres artistes, intervention en direct sur scène de notre codirecteur général et directeur de la programmation et attente interminable de notre runner à l’aéroport, Marina arriva quelques instants avant de commencer. Une fois sur les planches du MTELUS, la voix pure de la catalane s’empara de la salle et canalisa toutes les émotions qui la traversaient. Les manipulations vocales appuyées, les rythmes percussifs et les ornements numériques nous emmenèrent dans de multiples dimensions fascinantes. Marina termina sa prestation en pleurs, dans les bras de ses partenaires de scène, nous soutirant à notre tour une larme. Cette atmosphère si particulière continua de flotter sur le festival, comme si la nuit que nous venions de vivre était fantasmagorique

© Bruno Destombes

Présentée dans le cadre des célébrations du 25e anniversaire du Traité de coopération entre la Catalogne et le Québec avec le soutien de l'Institut Ramon Llull.

Tarta Relena (VJ Myriam Boucher)

© Bruno Destombes

Sur scène la veille avec Marina Herlop, les deux catalanes ont vécu une soirée riche en émotion. Elles ne s’imaginaient pas un instant que ce n’était que les prémices d’une nuit plus intense encore qui s’annonçait. Arrivées sur scène dans le bruit et la chaleur de l’Espace SAT, Marta Torrella et Helena Ros n’ont pas mis longtemps avant de captiver l’auditoire. À peine ont-elles commencé à chanter que la salle se fit silencieuse, comme subjuguée par ce qu’elle venait d’entendre. En puisant dans un folklore méditéranéen accompagné d’un flux électronique précis, elles réussirent à nous emmener dans des paysages inattendus. S’en suivirent un contrôle total sur leurs voix, et par extension sur chacun·e d’entre nous. Rarement confronté·e·s à une telle puissance vocale, nous restâmes transcendé·e·s par l’harmonie qui unit le duo, et nous ne pûmes que constater que tout autour de nous, les larmes ruisselaient sur les joues.

Présentées dans le cadre des célébrations du 25e anniversaire du Traité de coopération entre la Catalogne et le Québec avec le soutien de l'Institut Ramon Llull.

Cora Novoa

Il y a chez les Catalan·e·s une vitalité qui rend chaque moment unique, car comme ses compatriotes, la performance de Cora Novoa restera dans les annales de cette 23e édition. Attendue depuis son dernier passage en 2018, nous avons aperçu la productrice et DJ sur les différentes scènes du festival dès le premier jour, surement pour sonder l’ambiance qui y régnait. C’est là le secret de ses sets.

© Vivien Gaumand

Cora décuple l’énergie qui émane de la salle et la retranscrit tant en musique que par l’engagement corporel qu’elle met dans ses prestations, se donnant corps et âme pour offrir une performance remarquable. Ses cheveux impeccablement plaqués sont à l’image de sa techno: structurée et détonnante.

Présentée dans le cadre des célébrations du 25e anniversaire du Traité de coopération entre la Catalogne et le Québec avec le soutien de l'Institut Ramon Llull.

Powder (VJ BunBun)

Si l’extravagance est de mise pour certain·e·s artistes, d’autres préfèrent se faire discret·e·s, tout du moins avant les premières notes et lumières. Arrivée en loge cinq minutes avant de monter sur scène, Powder semblait se réserver pour les trois heures qui l’attendaient. Une fois sur scène, la japonaise a complètement changé de visage tout comme le MTELUS. Rare DJ set de la programmation, ce moment fut l’occasion pour VJ BunBun d'installer progressivement son univers visuel riche et captivant. Car BunBun comme Powder sont de véritables chefs d’orchestre qui ne laissent rien au hasard. La DJ et productrice distille un ensemble d’acid house, de techno et de breakbeat finement sélectionné et arrange avec minutie ses sets où chaque morceau a une place bien définie. Avec ces deux artistes, il nous était difficile de ne pas profiter d’une des rares nuits où la techno court jusqu’au petit matin, entouré de celleux qui dansaient encore.

© Bruno Destombes

The Mugzy & Maam Show

Comment parler des moments forts de cette édition sans mentionner The Mugzy & Maam Show ? Comme leur nom l’indique, il s’agit d’un véritable spectacle, et ce du début à la fin. Venus d’une autre planète, les deux extraterrestres ont littéralement posé leur soucoupe volante sur l’esplanade Tranquille avant que n’en sortent deux marionnettes ! Jamais une arrivée sur scène à MUTEK n’avait provoqué autant d’agitation et vu de cellulaires capturer l’instant. Ce n'était pourtant que le début d’une performance complètement loufoque. Pendant une heure et demie, le quatuor s’est relayé pour faire vivre les deux guignols et nous faire danser. Et ne vous y trompez pas, car derrière ce spectacle fantasque réside de véritables techniques de DJing qui entraînent le public dans une danse collective. The Mugzy & Maam Show apporte une absurdité et une dérision rares en musiques électroniques et c’est exactement ce dont nous avions besoin pour terminer la semaine sur la scène Expérience.

© Vivien Gaumand

Collection immersive

Entre le Forum et l’exposition, la Collection immersive aura définitivement marqué cette édition 2022. Présentées gratuitement au Pavillon de l’esplanade Tranquille, les œuvres ont connu un succès retentissant dès le premier jour, et c’est près de 700 personnes qui les ont visionnées sur la semaine, avec une file d’attente pouvant approcher les 45 minutes par moment. L’exposition fut l’occasion pour les artistes de présenter leurs créations directement au public et d’échanger à leurs sujets. Car la Collection immersive a notamment permis de faire découvrir la Réalité Virtuelle à de nombreux·euses montréalais·es et touristes. Ce dernier point nous pousse à continuer dans cette voie et à rendre les arts numériques accessibles à toustes.

Découvrez la collection immersive

© Grégoire Chevron

MUTEK remercie le Conseil des Arts du Canada de son soutien à ce projet.

Mots: Grégoire Chevron
Traduction en Anglais: Lola Baraldi

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